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Analyse de ressources typographiques : Normes typographiques 2014
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majuscules, capitales accentuées, comment ? | Orthotypographie accueil |   énumérations et ponctuation

Normes typographiques, 2014

Toujours à la recherche de normes typographiques éditées sur un site belge, le résultat de nos recherches s'est porté sur un document de l'Idelux qui ne prétend pas défendre les normes typographiques dites belges.

Une analyse plus approfondie de ce fichier nous permettra de commenter le contenu de ce document et de voir s'il répond à ses prétentions déclarées dans son introduction :
 

  1. Le document analysé :
    Normes typographiques, Idelux, (visité le 12/06/2015)
    http://www.idelux-aive.be/servlet/Repository/normestypo2014.PDF?ID=42192
    aussi accessible ici.
     
  2. Analyse globale :
    * Dès son introduction, le groupe Idelux-Aive parle de simplicité et cohérence. Ce groupe affirme assurer un ensemble de codes de lisibilité, dont l’usage est largement partagé par les utilisateurs d’une langue et qu’on décide de maîtriser.
    Il rappelle aussi que "le peuple belge parle français, néerlandais ou allemand", mais ne fait aucune allusion aux normes restrictives qu'impose l'IBN.
     
    Au premier abord, cette publication semble cohérente, sans maîtrise des finesses typographiques à peine connues ou appliquées par les professionnels de l'édition. Une analyse approfondie nous permettra de consolider ou infirmer notre impression de départ.
     
  3. Nous avons apprécié :
    1. une relative cohérence et un respect général des règles énoncées ;
       
    2. un choix stable concernant l'accentuation capitales, lorsque nécessaire ;
       
    3. une insistance quant à la cohérence d'un texte, allant même jusqu'à affirmer « En tout cas, dans un même texte, pas de mélange entre ces deux formulations : [...]. Choisissez ! »
       
    4. un respect (quasi) constant de la typographie adoptée, même si l'adoption est parfois personnelle, elle reste souvent très stable :
      — espace insécable (non fine) devant les signes de ponctuation doubles ;
       
    5. que, dans la plupart des cas, une distinction soit faite entre les espaces normales (ou justifiantes) et celles qui doivent être insécables, afin d'éviter le rejet à la ligne suivante d'un caractère isolé ou d'une unité séparée de sa valeur chiffrée (voir "ponctuation et espace") ; on pourrait déplorer l'absence des espaces fines, mais le choix des auteurs est de ne pas les mentionner, et de les replacer par des espaces pleines insécables, ce qui est une tolérance très souvent admise ;
       
    6. « Une typographie personnelle est une typographie défectueuse. Seuls les débutants et les imbéciles peuvent l'exiger. » 
      (Jan Tschichold, Livre et Typographie.)
      que l'abréviation de "page" ou "pages" soit correctement notée "p.", sans redoublement au pluriel. Malheureusement, le point abréviatif doit être suivi d'une espace fine et les auteurs ont préféré dans ce cas-là la supprimer plutôt que de la représenter par une espace insécable pleine... choix qui peut se respecter, mais dommage que dans ce cas précis, on trouve autant d'incohérences :
       
      sans espace avec espace
      p. 9 :
         dans les sigles (voir p.14)
      P. 14 :
         en petites capitales (détails voir p.20 -21)
      P. 18 :
         citations dans une citation (voir p.30-31)
      P. 19 :
         unités de mesure : voir p.20-21
      p. 8 :
         guillemets à la majuscule (voir p. 24-25)
      P. 24 :
         dans une bibliographie (voir p. 32)
      p. 24 :
         évité le plus possible (voir p. 30)
      P. 25 :
         corps d’un texte (voir p. 8), l’usage

       
    7. qu'en général, l'usage des points de suspension soit correct et qu'aucune énumération ne se termine par des points de suspension précédés d'une virgule. Dommage que certaines remarques soient à exprimer [voir "points de suspension"] et l'ont été ci-après [voir point 4.c.] ;
       
    8. que le mot "espace" dans un ouvrage consacré à la typographie soit correctement utilisé au féminin ;
     
  4. Nous avons déploré :
    1. que dans un ouvrage qui défend une culture typographique et qui s'adresse aux praticiens de l'édition, aucune distinction ne soit faite entre les mots majuscules et capitales.
      Même si le texte ne fait apparaitre quasi aucune erreur, la confusion existe entre la majuscule grammaticale et la capitale typographique (façon de l'écrire) [voir "majuscules ou capitales, minuscules ou bas de casse"].
      Ce manque de précision nous amène à penser qu'à la page 9, quand on lit "s’écrit généralement avec une majuscule initiale au premier mot significatif (le plus souvent, un nom commun)", nous chagrine car...
      d'une part, dès l'instant où l'on parle de la façon d'écrire, il s'agit d'un choix de caractères et donc le terme "capitale initiale" serait plus approprié ;
      d'autre part, parler de majuscule pour un adjectif ou un nom commun est une contradiction grammaticale, puisqu'en français les noms propres se distinguent des noms communs et adjectifs par l'exigence de la majuscule et s'écrivent donc avec une capitale initiale.
       
    2. qu'en nuance du point 3.c. développé ci-dessus, une distinction entre les espaces normales (ou justifiantes) et insécables, n'apparaissent parfois pas suffisamment (voir "ponctuation et espace") ;
      on pourrait regretter qu'à la page 15, on lise « Signe double, espace double : une espace avant et une espace après le signe de ponctuation. Les signes dits doubles sont le point-virgule, les deux-points, le point d’exclamation, le point d’interrogation et les guillemets à la française (« »). », sans précision que l'une des deux espaces soit insécable (voire fine), alors qu'on aurait aimé lire que l'espace avant le point-virgule, les deux-points, le point d’exclamation, le point d’interrogation devait être insécable et que les espaces intérieures aux guillemets à la française devaient l'être aussi (même si cette précision est indiquée ailleurs) ;
       
       
    3. que, malgré un emploi généralement correct des points de suspension, des erreurs ou imprécisions apparaissent dans l'ouvrage consulté. Les auteurs ne distinguent que deux cas dans la théorie présentée p. 16 ; ces cas ne correspondent pas aux situations des exemples présents dans le texte.
      En effet, les cas présentés dans la théorie, sont "en milieu de phrase" et "en fin de phrase" ; les cas rencontrés dans le document sont essentiellement des énumérations interrompues... qui souvent, par chance, terminent souvent la phrase...
      (voir notre page "énumérations")
       
      on lit... on commente...
      p. 18 :
         mis en page graphiquement (brochure, contrat de gestion…) afin d’éviter
      En appliquant la règle de la p. 16, on devrait placer des espaces avant et après la ponctuation,
      cependant, ici elle marque la volonté d'écourter une énumération et se note correctement sans espace avant.
      P. 32 :
         la publication (ouvrage, journal, revue…) - en caractères italiques
      Même commentaire.
      p. 34 :
         il faut préciser : «au lieu de … (faute commise), lire … (faute corrigée)»
      En appliquant la règle de la p. 16, espaces et ponctuation étudiée sont correctes ; cependant, la règle « si les points de suspension sont mis pour remplacer un mot (ou groupe de mots) unique, ils sont précédés et suivis d’une espace » nous semble plus adéquate.
      Par contre, on s'étonnera de l'absence d'espaces insécables à l'intérieur des guillemets à la française.
      p. 34 :
         tous les textes, notes, documents, tableaux de chiffres, figures … dont
      Comme pour les cas des pages 18 et 32, il s'agit d'une énumération écourtée ; dès lors, pourquoi cette espace avant ?
      Comme les précités, l'énumération est écourtée et les points de suspension ne remplacent pas un mot unique, ni un groupe de mots, donc...
      p. 10 :
         Mais, mais, mais… Les adjectifs et les langues
      Bel exemple de suspension... mais qui n'illustre pas la suite de la phrase à écrire avec un bas de casse. Il nous parait difficile d'accepter que le triple 'mais' n'introduise pas la suite du texte...
      dès lors, pas de capitale au "Les" qui suit.
      p. 12 :
         l’altitude, la langue…), il se fait accompagner d’un
       
         physique, économique ou humain… Dans ce cas, les
       
         d’unités administratives (États, provinces, villes...) on s’efforcera
      Situé en milieu de phrase, selon les auteurs on devrait placer des espaces avant et après la ponctuation,
      cependant, ici elle marque la volonté d'écourter une énumération et se note correctement sans espace avant.
      De plus, magnifique illustration de la règle du 2e signe [voir "règle du 2e signe"] : les points de suspension demande une espace derrière, la parenthèse fermante n'accepte pas d'espace avant, c'est le règle de la parenthèse que l'on doit suivre ;
      idem pour le conflit des règles entre la parenthèse fermante et la virgule qui suit...
      p. 12 :
         les mots rue, place, boulevard ... s’écrivent en minuscules
      Par contre, on s'étonnera de l'espace avant les points de suspension ici...
      et on préfèrera le mot 'bas de casse' au mot 'minuscules'.
      p. 12 :
         la rue du Chien-qui-Fume, l’impasse Léon-Trotsky, la place du 1er-Mai...
      Situé en fin de phrase, selon les auteurs on ne devrait pas placer des espaces avant et après la ponctuation,
      de plus, selon nous, ici elle marque la volonté d'écourter une énumération et se note correctement sans espace avant.
      p. 13 :
         désignant leur espèce (tour, place, église, hôtel...) : le signal de Botrange
      Situé en milieu de phrase, selon les auteurs on devrait placer des espaces avant et après la ponctuation,
      cependant, ici elle marque la volonté d'écourter une énumération et se note correctement sans espace avant.
      p. 13 :
         sainte Giselle, saint Nicolas, saint Dudule... ;
      • de même, quand le mot saint est utilisé [...] une sainte nitouche, les Lieux saints (Palestine), le Vendredi saint... ;
      • par contre, il prend une majuscule et est suivi [...]
      Situés deux fois en milieu de phrase (puisque suivis d'un point-virgule et d'un bas de casse), selon les auteurs on devrait placer des espaces avant et après la ponctuation,
      cependant, ici elle marque la volonté d'écourter une énumération et se note correctement sans espace avant.
      p. 17 :
         mis en page graphiquement (brochure, contrat de gestion…) afin d’éviter des
      Situé en milieu de phrase, selon les auteurs on devrait placer des espaces avant et après la ponctuation,
      cependant, ici elle marque la volonté d'écourter une énumération et se note correctement sans espace avant.
      p. 24 :
         abuser de mises en évidence rend un texte illisible et
      provoque … l’inverse de l’effet recherché
      Situé en milieu de phrase, selon les auteurs on devrait placer des espaces avant et après la ponctuation (et ils le font),
      cependant, ici les points de suspension ne sont pas mis pour remplacer un mot (ou un groupe de mots) en milieu de phrase, mais ils marquent la volonté de suspendre, d'interrompre la phrase et devraient se noter correctement sans espace avant.

       
    4. que les auteurs confondent trait d'union, tiret court et tiret long, ce qui les amène à énoncer des règles compliquées quant à leur usage et pas toujours suivies par ceux qui les énoncent.
      Le trait d'union (-) s'emploie dans les noms composés et lorsqu'un mot subit une césure en fin de ligne ; ils ne sont ni précédés ni suivis d'espaces ;
      le tiret court (–) s'emploie dans les énumérations (ou listes), il commence toujours un nouvel alinéa et doit être suivi d'une espace insécable (mais l'aspect insécable nous parait inutile, car les retours à la ligne sont rares après le deuxième caractère d'un alinéa ;o) ) ;
      le tiret court s'emploie aussi pour marquer une distance, une séparation ou un espace de temps, auquel cas il est précédé et suivi d'une espace (Ex. : « J'ai pris le train Paris – Roubaix », « Demain j'irai voir le match Standard – Mouscron-Péruwelz », « 9 h – 12 h 30 : balade en vélo »).
      le tiret long (—) s'emploie soit dans les dialogues pour marquer le changement d'interlocuteur, soit comme parenthèse ouvrante ou fermante pour placer une incise ;
      dans le cas des dialogues, ils commencent un alinéa et doivent être suivis d'une espace insécable (mais l'aspect insécable nous parait ici aussi inutile, car les retours à la ligne sont rares après le deuxième caractère d'un alinéa)
      dans le cas d'incise et d'emploi comme des parenthèses, deux espaces : sécable à l'extérieur et insécable à l'intérieur ;
       
    5. qu'en page 15, les auteurs énoncent une règle rapide, à savoir que "toute ponctuation est suivie d’une espace" et précisent qu'on y trouve que deux exceptions, alors que d'autres exceptions courantes existent :
      * l'apostrophe,
      * le signe 'degré' dans une mesure d'angle, s'il est suivi de minutes ou secondes,
      * le tiret de césure en fin de ligne,
      * et surtout, toute ponctuation qui est suivie d'un autre signe de ponctuation qui n'exige pas d'espace avant (les auteurs utilisent d'ailleurs souvent les points de suspension immédiatement suivis d'une parenthèse fermante ou la parenthèse fermante suivie d'un point).
       
    6. qu'en page 17, on lise une règle ("Pas d’espace entre n° et le numéro qu’il désigne et
      entre p. et les numéros de pages qui suivent
      ") qui pourrait être un choix typographique des auteurs, puisque la typographie suggère l'espace fine et les auteurs n'en parlent pas. Cependant, on se demandera alors pourquoi les auteurs, tantôt suppriment cette espace (comme le suggère leur règle), tantôt en introduisent une.
      p. 8 :
         Préférez l’italique, le gras ou les guillemets à la majuscule (voir p. 24-25)
      p. 24 :
         [...] français (football s’écrira en romain, leader en italique), dans une bibliographie (voir p. 32).
         Dans les citations, l’usage des italiques doit être évité le plus possible (voir p. 30).

      p. 25 :
         écrire en majuscule dans le corps d’un texte (voir p. 8), l’usage des
       
    7. que deux règles différentes et contradictoires concernant les espacements et les points de suspension soient données :
      * en page 16, on ne distingue que "en milieu de phrase" et "en fin de phrase",
      * en page 18, une distinction plus précise apparait "tenant lieu de fin de phrase ou de mot, ils sont collés à la dernière lettre et suivis d’un espacement" et "mis pour un mot unique (remplace un mot) dans une phrase, ils sont précédés et suivis d’un espacement normal" qui se rapproche du contenu de notre page "points de suspension" ;
       
    8. qu'en page 15 on lise "Les parenthèses, crochets, accolades, deux tirets (incise) prennent une espace à l’extérieur mais pas à l’intérieur" et que, bien que les auteurs ne distinguent pas les tirets des traits d'union, on trouve
      en page 9 :
         notez l’abréviation de Monsieur : M. et non Mr - qui vient de l’anglais mister.
      en page 34 :
         doit être nommé, numéroté et - c’est important - mentionné dans le fichier qui
      Règle ou exemple à revoir ? j'opterais pour une révision de la règle concernant les tirets en cas d'incise... et je changerais mes traits d'union en tirets semi-cadratins pour être parfait ;o)
       
    9. apriorique lors d'une lecture attentive, nous avons relevé à deux reprises l'expression "a contrario" et elle a attiré notre attention.
      Nous pensons que :
      * soit elle est considérée comme expression de langue étrangère et devrait alors être écrite en caractères italiques (comme le stipulent les auteurs en page 24 ;
      * soit elle est considérée comme francisée et nécessite alors l'accent sur le 'a' initial, comme le 'a' de 'à priori' du dictionnaire de l'Académie française de 1832.
       
       
    10. qu'en page 18 on lise "Placez une espace insécable avant et après les guillemets à la française" sans distinguer le guillemet ouvrant du fermant. Le lecteur aura compris que doivent être insécables les espaces intérieures aux guillemets (c'est-à-dire celles qui encadrent le texte mis en évidence), alors que les extérieures sont des espaces normales ou espaces-mots ;
Bref, un ouvrage assez fiable et cohérent, mais qui selon la formule traditionnelle "peut mieux faire...".

Références :

 

 



 

 

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