Conseils de typographie

Analyse de ressources typographiques : Norme belge, classification et frappe de documents
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Erreurs et ignorances des concepteurs...

 

Norme belge, classification et frappe de documents

Grandeur et déception. Autant le titre IBN, pour Institut Belge de Normalisation, peut vous impressionner, autant, dès la lecture de son contenu, vous serez déçu du prétendu sérieux de ce document.

Une analyse approfondie de ce fichier nous permet les commentaires suivants :
 

  1. Le document analysé :
    Norme belge, classification et frappe de documents, I.B.N. (revisité le 27/02/2015)
    n'est plus accessible librement sur le Net et c'est sans doute préférable, mais vendu pour 45 € sur le site de l'I.B.N., puis de 55 € pour la même version sur le site de la N.B.N. et
    accessible pour mes étudiants sur demande motivée.
     
  2. Analyse globale :
    * voir ci-dessous
     
  3. Nous avons apprécié :
    1. le respect des normes internationales du système international des mesures concernant l'indication de l'heure : dans un texte courant, y compris dans les horaires de réunion, on écrira 13 h 30, avec la lettre h, sans point abréviatif, précédée et suivie d’une espace, de préférence fine ;
       
    2. sans parler d'espaces insécables, le NBN précise vous ne pouvez scinder des nombres à la fin d'une ligne (p. 8) ;
       
    3. trop peu de choses pour rendre ce document crédible (voir ci-dessous)
       
  4. Nous avons déploré :
    Ce document est, en principe, le document officiel des normes belges concernant la typographie belge. On comprendra pourquoi l'I.B.N. a besoin de tant de subsides, puisque pour 45 €, vous avez droit à un concentré d'inepties, dépense que peu de Belges soient disposés à faire. Nous ne pouvons ni comprendre, ni admettre qu'un tel document soit considéré comme la règle à suivre dans notre Belgique francophone, et de plus, reconnue comme légale par nos autorités mais non suivies par les éditeurs belges, par les hautes écoles et universités belges, ni par la presse belge, etc.
    Comment faire confiance à ces gens qui, à l'encontre de cette vénérable dame du quai Conti[3], font preuve d'autant d'ignorances (volontairement au pluriel) :
     
    1. s'ils emploient le mot « espace » en évitant souvent de faire apparaître son genre.
      Chacun sait (ou devrait savoir) que le mot « espace » est féminin, lorsqu'il s'agit de typographie (tous les dictionnaires de la langue française s'accordent à le dire)[1].
      De même, œil qui se définit comme le dessin de la lettre qui apparaît à l'impression. En typographie, l'œil reçoit l'encre, c'est l'élément imprimant. On dit également, en imitant l'américain et parfois pour éviter la polysémie du mot œil, image de glyphe ou simplement glyphe. Le pluriel d'œil au sens typographique est œils[5].
      Cependant, dans ses titres numérotés 3.6.2 et 8.3.6 et 9.10, on constatera que le mot espace est bien noté au masculin, alors qu'il s'agit d'un ouvrage relatif aux « normes typographiques" belges ;
       
    2. s'ils ignorent que le mot « interligne » est masculin pour désigner l'espace entre deux lignes écrites ou imprimées, il se féminise en typographie, lorsqu'il désigne la lame de métal utilisée pour séparer et maintenir deux lignes.
      Malgré qu'il s'agisse d'un traité de typographie, nous accepterons l'emploi de ce terme au masculin ;
       
    3. 14e
      si, alors que chacun sait (ou devrait savoir) que les abréviations d'adjectifs numéraux ordinaux comme celles de dixième ou quatorzième sont 10e et 14e,
      pourquoi dans ses titres numérotés 8.13 et 8.14, l'auteur (averti, il le dit) emploie tantôt 10ème, tantôt 14e ;
       
       
       
       
       
       
       
    4. jpy
      s'ils font usage de normes internationales incorrectes.
      Le yen japonnais se note ¥, mais son code ISO-4217 est le JPY [et pas JPJ] (2 signes pour le pays, ici JP pour Japan, 1 signe pour la monnaie, ici Y pour yen ;
      ces critères ISO sont valables pour USD (dollar of United States), BEF (franc de la Belgique), FRF (franc de France), CHF (franc de la Confédération helvétique), CAD (dollar du Canada), AED (dirham des Émirats arabes unis, of Arabic Emirates), etc. ;
       
    5. si les auteurs ne connaissent pas la nuance entre les mots majuscules et capitales, alors qu'ils traitent eux-mêmes d'un sujet assez précis (voir nos pages spéciales dico : majuscules ou capitales ou accentuation des capitales) ;
       
    6. sous la rubrique 9.10, relative aux colonnes, les auteurs parlent « d'éviter des grands espaces blancs entre ceux -ci »...
      ceuxci
      est-ce une raison pour placer une espace entre 'ceux' et le trait d'union qui suit ? [et espaces manifestement au masculin, alors que... et de plus, 'colonne' est devenue masculin dans ce texte... puisque les espaces ne se placent pas entre les espaces] ;
       
    7. s'ils confondent sans cesse les guillemets français ou chevrons (« »), les guillemets anglais (“ ”) et le simple guillemet double ou double-quote ou guille dactylographique (").
      La règle affichée en page 4, énoncée en 2.1 est valable et notée pour les guillemets dits anglais, c'est-à-dire pour les quotes anglo-saxons [ou anglosaxons]) que le lecteur reconnaitra facilement
      guillemets normes belgesque nous agrandissons ici
      guillemets 2

      Dans ce même document officiel, on peut lire en bas de page 15, titre 9.2 un contrexemple toléré paysage pour lequel la règle donnée n'est pas suivie, mais correcte (faisant usage de guillemets français ouvrant et fermant avec espaces à l'intérieur desdits guillemets, conformément à la typographie de la langue française) et d'autres écritures tolérées au même titre, à savoir de nombreux guillemets dactylographiques (voir notre page relative aux guillemets) ;
      rappelons ici que le Code de rédaction interinstitutionnel précise « Utiliser les guillemets propres à la langue. En langue française, il existe trois niveaux de guillemets (entre parenthèses, le code alphanumérique à utiliser pour la saisie) [...]. »
       
    8. si, sous leur titre 8.6, relatif à la vedette d'une lettre,
      vedetteles auteurs signalent que cette dernière doit commencer par une majuscule et se terminer par une virgule.
      On constatera cependant que dans les deux « modèles" proposés en pages 20 et 21, cette règle n'est pas respectée ;
      le lecteur aura remarqué notre souci du compromis pour l'usage des guillemets ;o) 
       
    9.  
      dpts s'il faut suivre les « conseils » de gens qui sont considérés comme référence en la matière ;o)
      Ainsi, la page de couverture compte plusieurs deux-points ;
      2ptle lecteur attentif se demandera pourquoi trois de ces deux-points ne doivent pas suivre la règle énoncée page 4 et relative aux signes de ponctuation et espaces avant et après.
      C'est beaucoup pour une page de couverture ; désolé de ne pas vous montrer la page de couverture en entier, l'IBN pourrait me reprocher un plagiat lors de cette étude académique ;o)
       
       
       
       
       
       

       

       
    10. s'il faut considérer comme 'liste longue' toute liste ou énumération qui comporte un élément dont la longueur est supérieure à une ligne de texte...
      9.5 p. 16
      pv
      8.4 p. 13
      sans-point
      7.2 p. 11
      virg
       

      donc, une liste longue au départ, si l'on change de police ou si l'on passe d'une disposition « portrait » à une disposition « paysage », de liste longue... peut devenir liste courte et donc, aux dires de ces normes farfelues que je n'ose plus appeler belges, va nécessiter de changer toute la ponctuation...
      c'est bien un compromis « à la belge »...
       
      et merci à nos lecteurs qui se sont empressés de mettre en évidence l'incohérence relative aux énumérations :
      1- énumération courte avec point-virgule (9.5 p. 16) ;
      2- énumération courte sans ponctuation (8.4 p. 13) ;
      3- puis énumération avec point (8.4 p. 13) ;
      4- et enfin énumération avec virgule (7.2 p. 11).
       
      Il nous semble cependant plus que nécessaire de rectifier ici une erreur due au message véhiculé par l'enseignement qui n'a probablement jamais lu avec attention le document en question. Nulle part, dans ce document il n'est fait allusion aux listes ou énumérations courtes ou longues.
      Cette distinction a été introduite dans un livre qu'un(e) auteur(e) a prétendu être un ouvrage qui se veut de respecter les conventions typographiques, mais y a introduit, à titre privé et personnel, des règles qui ne relèvent d'aucune typographie de la langue française, ni même des normes belges [voir ici].
      Doit-on remercier la NBN pour son incohérence typographique ou pour ses contrexemples à une règle que d'aucuns prétendent émaner d'eux ?
      Par contre, les nombreux emplois d'une virgule suivie de points de suspension sont des erreurs de l'IBN (devenue NBN depuis) reprises aussi par les nombreux copieurs ou illustrateurs... nous y reviendrons plus loin.
       
      Ceci dit, ce document soi-disant officiel, reste une référence que l'on devrait suivre, mais dont l'incohérence mentionnée ci-dessus n'invitera aucun lecteur à leur faire confiance.
         
    11. si les défenseurs des normes belges justifient leur choix par l'aide pour ne plus avoir de signe de ponctuation rejeté à la ligne suivante, chacun peut se demander pourquoi ils ont décidé de placer une espace devant les points de suspension... ce qui explique les points de suspension souvent retrouvés seuls en début de ligne chez les auteurs qui suivent les conseils belges
      susp17a et susp17b hérésies typographiques inévitables si l'on refuse de parler de l'espace insécable et de suivre les conseils orthotypographiques de la langue française, à savoir pas d'espace avant les points de suspension et usage des espaces insécables là où il se doit ;
       
    12. si les exemples donnés n'illustrent pas les cas énoncés, voire ne permettent pas de distinguer, comme par exemple :
      Points de suspension
      (dans une phrase)
       ...   1   1  C'est ainsi que ... nous verrons plus tard.
      Points de suspension
      (à la fin d'une phrase)
       ...   1   1  Nous sommes arrivés ... on nous attendait.
      Points de suspension
      (dans une énumération)
       ...   1   1  Le français, l'espagnol, l'italien, ... sont des langues romanes.
      dont, dans le deuxième exemple, le 'on' devrait prendre une capitale initiale, puisque selon les auteurs, les points de suspension sont en fin de phrase et donc le 'on' commence une nouvelle phrase, et est donc une majuscule,
       
      dont le troisième exemple illustre encore la remarque 4.l. ci-dessous concernant les points de suspension après une virgule (voir notre page relative aux points de suspension) ;
       
      ou encore, l'exemple concernant la règle du deuxième signe,
       
      2e signe
      qui illustrerait aussi bien l'application de la règle du 1er signe, puisqu'il n'y a aucune contradiction entre les deux règles...
         
    13. s'ils ignorent que les points de suspension ne peuvent jamais suivre une virgule ou un point-virgule (les points de suspension signifient « je suspends ou arrête mon énumération » et la virgule signifie « un instant, je continue mon énumération... et ce n'est donc pas le dernier élément »). Nous avons d'ailleurs décidé de consacrer une page relative aux points de suspension. Placer des points de suspension après une virgule, c'est dire à son lecteur « attendez, je reprends mon souffle pour continuer et je n'ai rien d'autres à ajouter », ça ne parait pas très sérieux...
      voir http://www.la-ponctuation.com/points-suspension.html :
      suspens_virg
      voir aussi la mise au point de J.-P. Lacroux concernant la cohabitation des points de suspension avec d'autres ponctuation http://www.orthotypographie.fr/volume-II/point_cardinal-proverbe.html#Points-de-suspension : « Si sa rencontre avec les points de suspension est acceptée, le point-virgule se place, comme la virgule, en deuxième position… ; c’est normal, logique, compréhensible… ; mais ce n’est pas indiscutable… »
      et JPL en profite pour confirmer la règle du deuxième signe : « Pas d'espace entre les points de suspension et la virgule » et plus loin « espace insécable entre les points de suspension et le point-virgule ».
       
    14. si l'on distingue différents cas pour les points de suspension (voir ci-dessus) pour arriver aux mêmes conditions d'espacement avant et après, le lecteur est en droit de se demander pourquoi distinguer ces cas... et pourtant, il y a des nuances à faire [voir « points de suspension »].
       
    15. si, en deux lignes consécutives de la page 7, on y donne des indications contradictoires pour les degrés, minutes et secondes :
      nbn degre
      si après lecture de ces lignes vous êtes capables de dire s'il faut ou non une espace après l'abréviation de degrés, minutes ou secondes, bravo !
       
      Et n'oubliez pas d'écrire à l'avenir : « Il fait 20 °Caujourd'hui », au lieu de « Il fait 20 °C aujourd'hui », si vous suivez les suggestions et exemples du NBN.
       
    NBN 18/02/2016Cette quintuple remarque (voir i, j, k, l et m) concernant les points de suspension met fin à... — oserions-nous dire suspend — notre analyse non exhaustive de ce document.
     
    En février 2016, nous avons voulu mettre en évidence la manière donc notre autorité concernant les normes belges appliquait les dites normes et nous avons découvert qu'après quelque 25 ans de pratique, l'IBN était loin de pratiquer ce qu'elle dit devoir faire. Voici un extrait de sa page d'accueil en français (voir http://nbn.be/fr) :
    Le bannissement des espaces
    devant les signes de ponctuation haute
    a vécu ce que vivent les roses,
    l'espace d'un matin
    .

    Il nous parait cependant nécessaire de rappeler que la règle des énumérations, qui selon qu'elles soient courtes ou longues doivent avoir chaque élément se terminant par une virgule ou un point-virgule ne figure pas dans le document officiel des normes IBN...
    Cette pseudo règle a été inventée par des pseudospécialistes qui, peut-être, n'ont jamais lu correctement les normes belges NBN Z 01-002, éditées par l'IBN (Institut belge de normalisation) ou extrapolent souvent ce qu'on y lit.
     
    Observons cependant que, concernant les énumérations, l'IBN ne précise en aucune façon la ponctuation de chaque élément, mais elle signale que « Si les éléments dans une énumération sont assez courts, il n'est pas nécessaire de les séparer d'un interligne blanc. Dans une énumération longue, vous séparez les parties du texte par un interligne blanc. » (titre 7.2, p. 11).
    Merci donc à ceux qui ont inventé cette règle qui n'a aucun sens... mais que semblent suivre certaines dites 'autorités' de l'Enseignement en Belgique.
     
    De plus, cette règle prétendue belge et biscornue ne répond à aucune autorité, puisque même le « code de rédaction institutionnel européen » (voir http://publications.europa.eu/code/fr/fr-130500.htm) préconise l'usage des virgules ou points-virgules en terminant chaque élément des énumérations, sans tenir compte de la longueur de chaque élément.



 

[1] cf. diverses définitions du mot 'espace' extraites de diverses sources ici

[2] Le lecteur sensible à la nouvelle orthographe aura noté qu'il n'était pas seulement acceptable mais recommandé d'écrire "Ile-de-France" et "maitrise" (sans accent circonflexe).

[3] Haut lieu de la culture française, l'Académie française tient ses séances solennelles sous la coupole de l'ancien collège des Quatre Nations, sur le quai Conti.

[4] IDIOSYNCRASIE (le premier s se prononce ss) n. f. XVIe siècle. Emprunté du grec tardif idiosunkrasia, « tempérament particulier ».

[5] Le lecteur observateur aura noté que nous avons bien écrit Sil, et non pas oeil (la négligence de ligature est une faute orthographique).

[6] Le lecteur non convaincu peut faire une recherche dans un moteur de recherche : "NBN Z 01-002" donne 165 pages trouvées, mais si on se limite aux pages francophones, on n'en trouve plus que 8, dont toutes ne défendent pas les dites normes.

[7] Voir : http://listetypo.free.fr/meron/qualty18.pdf

 

 

Références :

 

 




 

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